Et c’est reparti !

comme annoncé la semaine dernière nous n’avons eu d ‘autre choix que de nous attaquer à deux zones molles sur le pont, symptôme malheureusement bien connu d’une âme en balsa imbibée d’eau et dégradée …

Pour nos fidèles lecteurs une question vient rapidement à l’esprit: « mais ils n’avaient pas refait le pont avant leur départ? », la réponse est malheureusement oui. Sauf qu’encore plus malheureusement nous pouvons désormais dire avec la certitude de ceux (celui en l’occurrence) qui mettent la main à la pâte que nous avons été (très) mal conseillés dans le choix de la procédure de réfection du pont.

En effet, compte tenu de son âge et des zones déjà abîmées qui avaient déclenché l’intervention, la solution qu’il aurait fallu retenir était de se débarrasser intégralement du balsa, un matériau utilisé à l’époque pour sa légèreté, son faible coût et ses propriétés mécaniques, mais qui présente un défaut et pas des moindre pour un bateau; il craint l’eau …

Si nous n’avons toujours pas pu déterminer l’origine des infiltrations d’eau, nous savons en revanche que le remplacement du balsa par une mousse imputrescible et hydrophobe aurait largement changé la donne et limité voire évité tout dégât majeur. Or, ce n’est pas cette solution qui nous a été proposée, pas même évoquée ….

Bilan des courses, après avoir ouvert et refermé intégralement le pont (avec la facture associée), il faut refaire l’opération au niveau de la zone abîmée, ce qui est arrivé d’autant plus vite que le balsa qui est resté à l’intérieur est vieux et donc encore plus sensible à l’eau et prompt à pourrir! Les chantiers étant saturés en Martinique, il a fallu nous y attaquer nous même, car il était hors de question de reprendre la mer pour une longue traversée avec un pont dont les propriétés mécaniques sont fortement dégradées.

Nous sommes pour cela (cette fois) très bien conseillés par plusieurs professionnels de la stratification (consultés séparément et qui sont d’accords sur le diagnostic et le remède). Installés juste à côté de la zone de carénage où nous avons élu domicile pour les travaux, ils nous détaillent gracieusement la procédure et nous donnent leurs conseils tout au long du processus lorsqu’ils passent à côté du bateau. Merci !

Et le moins que l’on puisse dire c’est que ce n’est pas une sinécure! Après l’ouverture de la zone abîmée, il a fallu aller chercher les zones saines pour « reprendre appui », zone que nous avons d’ailleurs étendue autant que possible puisque même le balsa sec était dans l’état de son âge, c’est-à-dire mauvais.

Après l’ouverture, nous avons retiré tout le balsa tout en conservant la stratification supérieure sur les côtés (pour le coup très bien refaite, c’est un crève-cœur de détruire ce travail bien fait pour reprendre celui en dessous qui ne l’a pas été!), ce qui a créé une cavité sur les côtés dans laquelle nous avons pu insérer des petites portions de planches de mousse Airex (c’est son nom), noyées dans la résine chargée (c’est-à-dire qu’on augmente sa densité avec un complément qui la rend pâteuse, ici le Woodfill) pour créer un pourtour sain de la zone à reprendre.

Avant cela il avait bien sûr fallu poncer, ragréer à la résine chargée et renforcer la stratification du dessous (celle qui donne sur l’intérieur du bateau) avec un mat/bi-axial de 450g (vous voilà bien avancé, nous aussi quand on nous l’a expliqué, avant de se rendre compte que c’était effectivement beaucoup plus costaud et propre après qu’avant)

L’étape suivante a consisté à découper les planches de mousse sur l’intégralité de la zone en prenant appui sur le pourtour. Ca semble facile, mais il a fallu pour cela tailler tous les morceaux en biseau (on appelle ça un « scarf ») afin d’étendre la zone de contact entre les surfaces et éviter une « ligne de faiblesse » tout au long des jonctions entre les panneaux si celles-ci étaient restées droites. Heureusement, l’Airex est un matériau très facile à découper et à poncer!

Nous avons maintenant bien avancé et la météo nous a bien aidé les premiers jours car aucune pluie n’est venue menacer les premières étapes. Or ce sont les plus critiques puisque le reste du balsa, à l’air libre, même s’il est sain, ne supporterait pas la moindre infiltration d’eau et s’empresserait de l’aspirer pour aller ensuite pourrir tranquillement en silence dans les mois ou les années qui suivent.

Nous avons donc dû fabriquer un cocon tout autour de la zone à réparer, ouvert et refermé à chaque fois qu’on travaille, pour se prémunir des éventuelles intempéries et protéger le fragile balsa de son pire ennemi!

Prochaines étapes (en cours); réaliser un « scarf » avec la couche supérieure de stratification pour pouvoir refermer avec des tissus de fibre de verre imprégnés de résine (bi-axial 600g) qui viendront se figer sur la mousse Airex.

Et ça ne s’arrêtera pas là; ponçage, ragréage, enduit, primaire, revêtement antidérapant, repose de l’accastillage ……

bref, encore du boulot! et puis beaucoup de temps (et d’argent) perdu ….

Nous restons positifs et espérons que le reste du pont ne nous offrira pas de nouvelle mauvaise surprise. Et puis cela aura au moins eu le mérite de nous faire découvrir encore beaucoup, beaucoup de choses sur notre bateau et sur l’ensemble des savoir-faire qui permettent à cette petite surface de flotter et de naviguer longtemps et sûrement! (mais maintenant qu’on sait tout bien faire, on sera quand même contents si on ne refait pas)

Autre satisfaction; à part les matériaux que nous avons trouvé ici, nous détenions tout l’outillage pour travailler correctement!

Les illustrations en image de ce chantier débuté mardi dernier et qui nous occupera encore facilement trois ou quatre jours (en fonction de la météo) :