Nous sommes arrivés de notre traversée caribéenne sur l’île de Porvenir, la plus à l’ouest de l’archipel des San Blas.

Nous y effectuons les formalités d’entrée en territoire panaméen et découvrons non sans étonnement le drapeau du peuple Kuna (pronnoncé Gouna), qui rappelle étrangement celui d’un plus funeste projet…
La présence sur ce petit îlot du « congrès général Kuna » et d’une antenne de l’immigration et de la police maritime nous permet de faire tamponner nos passeports et de déclarer notre arrivée, le tout pieds nus et auprès de fonctionnaires souriants et accueillants. Nous réglons notre redevance de « tourisme et d’ancrage » et quittons le lendemain matin cette officine administrative qui devrait en inspirer bien d’autres.
Nous débutons notre escapade à travers l’archipel par les îlots « Grullos ». Nous y sommes seuls et profitons des couleurs sublimes de ces décors paradisiaques. Le rêve est toutefois durement rattrapé par la découverte triste et déconcertante d’une quantité incroyable de déchets sur l’île, mélange de bouteilles en plastique, d’une valise, d’un sac à main, de cannettes, de sacs en plastique, d’un camion en plastique pour enfant, etc, etc…. La mer y a vomi toutes ces horreurs dont elle a raison de ne pas vouloir, ce qui, en déportant une nouvelle fois le problème, ne le règle pas pour autant.
Après trois jours de repos, de baignade et de délice gastronomiques (araignées de mer, langoustes, ananas, bananes) achetés aux pêcheurs et vendeurs locaux qui passent nous rendre visite dans leur pirogues à rame et voile latine, nous partons pour les îles Coco Bandero, un peu plus à l’est. Le rythme familial est retrouvé, une fois récupéré de la fatigue du voyage pour les parents, et compris qu’il fallait reprendre l’école le matin avec le minimum d’entrain qu’un complément circonstanciel, deux syllabes ou une gommette requiert pour les enfants.

A Coco Bandero nous sommes un peu plus nombreux (cinq bateaux quand même au plus haut de la fréquentation, pas facile de trouver une place …) mais l’ambiance y est très agréable. Nous rencontrons deux couples d’argentins qui opèrent comme charter dans la région depuis cinq et dix ans, Yves, un dentiste à la retraite qui vit sur son bateau, et nous échangeons avec un groupe de pêcheurs installés sur l’une des îles pour une campagne de pêche de cinq jours. Nous troquons avec eux des langoustes et des araignées (avant que Gabriel nous en attrape lui-même!) contre du riz et du soda (ici, un mauvais soda à l’orange s’échange contre une énorme araignée d’un bon kilo. Principe économique de base, la notion de rareté, ici diamétralement opposée, permet à chacun de repartir avec le sentiment d’être largement gagnant!). Les femmes Kunas qui travaillent les « molas » (le tissu traditionnel) sont venues régulièrement nous voir pour nous vendre leur production. Elles sont à chaque fois charmées par Hélie, qui reçoit le doux sobriquet d' »el Gordito » (le Grassouillet …).

Le dernier jour nous organisons avec Yves un barbecue de poulet mariné sur un îlet, bref, la vie est difficile aux San Blas! Les enfants sont émerveillés et enchantés, le cadre est idyllique et les quelques pluies parfois diluviennes qui s’abattent sur l’archipel nous paraissent totalement anecdotiques.

Seule ombre au tableau, le pont côté tribord qui commence à nous dire qu’il faudra faire les mêmes travaux que ceux déjà effectués à bâbord…. Nous sommes déçus mais pas surpris, les mauvais choix effectués concernant l’ensemble du pont, il était donc fort probable de se retrouver confrontés au même problème ailleurs… Nous reportons ça à plus tard, il faudra de toute manière en refaire une bonne partie.


Nous quittons à regret Coco Bandero, rattrapés par le temps qui s’est écoulé lentement mais que l’on n’a pas vu passer. il est maintenant nécessaire de nous rendre à la marina de Panamarina, à mi-chemin entre les San Blas et le canal, pour y rencontrer notre agent et préparer le dossier de passage du canal.
Après une brève escale sur l’île la plus à l’ouest de « Cayo Holandes », où Enrique nous a fait découvrir son « chez-lui » fabriqué à la main sur ce petit îlot (il est né dans le village voisin et a toujours vécu aux San Blas. Ses enfants, comme beaucoup de jeunes Kunas, sont installés à Panama City et il vit désormais seul sur son îlot, n’ayant aucune envie de quitter le calme et la douceur de vivre de son archipel pour l’agitation de la ville), nous hissons une nouvelle fois les voiles et avons la chance de naviguer au portant jusqu’à Panamarina. Après une après-midi et une nuit de voile très agréables, nous nous faufilons dans le chenal étroit qui marque à travers la mangrove l’entrée de la marina.
Demain, nous avons rendez-vous avec Susie pour commencer nos démarches, avant de nous diriger vers la marina de Shelter Bay, à l’entrée du canal, pour y attendre notre passage !
à bientôt
L’équipage