Nous voilà arrivés depuis hier à Mindelo !
La ville est superbe, colorée et en pleine effervescence à l’approche de Noël. Privé des célébrations de l’année dernière il semble que l’archipel soit bien décidé à mettre les bouchées doubles cette année !
Les formalités d’arrivée sont terminées, ainsi que le triturage de narine auquel nous n’avons pu échapper, et le prochain objectif est maintenant de réparer notre davier pour pouvoir aller au mouillage. Les marineros ont facilité notre amarrage au ponton en nous trouvant une place dos au vent, ce qui permet de limiter la traction sur les amarres avant,  que l’on ne peut pour l’instant pas faire passer par leurs chaumards habituels.
Rencontré à la volée sur le ponton, Ilidio est passé au bateau pour nous aider à trouver une solution pour réparer.

Nous avons convenu tous les deux qu’une sous-barbe était impérative pour soulager le bout-dehors et éviter qu’il continue de tirer le davier vers le haut. Après avoir exploré les différentes solutions techniques, nous retenons la plus simple; retirer l’un des énormes boulons qui maintiennent l’étai pour y souder un anneau en inox sur lequel viendra se fixer le câble de la sous-barbe.
Un bon dessin valant mieux qu’un très mauvais discours technico-nautique, la transcription de ce gloubi boulga en image se trouvera un peu plus bas!

Vous vous dites peut-être, comme moi il y’a peu, qu’il est surprenant de faire confiance au premier capverdien de ponton pour ce type de travaux, aussi je partage avec vous les détails qui ont suffit à lever le moindre doute; le camarade Ilidio parle très bien français, ce qui n’est pas suffisant pour en conclure qu’il travaille bien, c’est vrai, mais ça l’était en tout cas pour l’identifier en pleine conversation technique avec un autre plaisancier, vêtu de sa salopette de travail qui porte bien son nom si l’on se refère à son usure et sa couleur. Je l’aborde donc et lui demande s’il serait l’homme de la situation. L’inconnu, habile, acquiesce forcément puisqu’il a quelque chose à vendre. Arrivé au bateau, je lui montre le champ de bataille, qu’il contemple avec calme et détachement. Je lui explique la solution à laquelle j’ai longuement réfléchi, il jette un oeil et m’en propose une autre « plus simple et moins chère », Ilidio marque ses premiers points. Deuxième étape, Ilidio propose ilico de repartir avec la pièce ‘pour souder ce soir et remonter demain », il faut pour cela dévisser l’écrou de l’étai qui se trouve dans la baille à mouillage. Je l’interroge pour savoir l’éventail des tailles de clé qu’il lui faut (moi j’aurais pris toute la caisse pour éviter les allers-retours), il jette un regard dans la baille à mouillage, ne prend pas la peine de se baisser et me répond sans hésitation: « juste une clé de 19 ».
J’apporte la clé, c’est la bonne…, les bras m’en tombent, le score vient d’exploser le compteur.
Mais après avoir déverrouillé l’écrou, l’homme préfère s’arrêter là:
– On sera plus à l’aise pour le retirer si tu as une annexe, comme ça on éviterait que le boulon puisse tomber à l’eau
– elle n’est pas gonflée…
– aucun problème, je reviendrai dans l’après-midi
Plus besoin d’en rajouter, Ilidio je te nomme chef de chantier du davier et ingénieur de la sous-barbe!
Quelques coups de gonfleur plus tard, le voilà de retour, la vis est enlevée en trois minutes; « je vais bien la retravailler pour que la soudure se fasse à plat, donne-moi la manille que tu veux mettre ensuite pour que j’ajuste le diamètre, tu l’auras demain avant midi ». Je lui demande son prix, c’est plus que raisonnable, je ne négocie pas, j’aime le Cap-Vert.

Guillou de son côté est allée à la plage avec les enfants qui sont heureux de courir, de hurler, de pêcher et de voir du monde. Au ponton Gabriel amarre les annexes qui arrivent du mouillage et engage la conversation dès qu’il entend parler français, Augustin s’extasie devant la qualité de ses lancers avec sa canne à pêche « woaaaaa, il est parti hyyyyyyyper loin mon leurre! » et Arthur pêche à l’épuisette « maman c’est le paradis ici, y’a plein de poissons! ».

à bientôt

L’équipage